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La harpe du driseoc
21 décembre 2011

* Cannü

Texte-contes-racontent

Parce que la caravane a été attaquée, parce que le cheval noir du père est rentré seul, Cannü ne mange plus, ne boit plus. Elle s'occupe du cheval, elle le soigne, l'emmène dans de longues chevauchées, et tout le village s'inquiète de la voir ainsi.

Elle va jusqu'à Samarcande avec le cheval... Mais à l'horizon, nulle trace du père !

Sa mère a réuni les garçons du village : "celui qui ramène le père a la fille en mariage" leur a-telle dit. Les téméraires s'élancent sur la piste, mais nulle trace du père. Jour après jour, aucun ne le ramène.

Puck-01

La mère, désespérée et ne sachant plus que faire, crie au ciel, à la terre, aux herbes, aux oiseaux que celui qui ramène le père aura la fille en mariage. Le lendemain, le cheval a disparu et la fille est plus triste encore. Quelques jours plus tard, on voit une forme apparaitre à l'horizon et bientôt on distingue un cavalier : le cheval noir a ramené le père.

Trois jours et trois nuits, c'est la fête... Mais le cheval ne mange plus, ne boit plus. Il s'écarte quand le père le caresse, il le regarde méchamment quand il lui dit des poèmes. Le père ne reconnait plus son cheval, son compagnon fidèle. Il demande à la mère ce qu'on lui a fait.

La mère avoue sa promesse, et le père se met à rire, puis il prend le cheval, monte sur son dos, le conduit à une colline proche du village et revient seul. La fille, sortant se promener dans le soir printanier trouve la peau du cheval étalée sur le sol et pousse un grand cri.

Le père entend et court vers la colline.

Un tourbillon de vent s'est levé qui a soulevé la peau et en a envellopé la fille puis l'a soulevée.

Les hommes du village ont sauté en selle pour suivre la peau qui file vers le sud. Dans une forêt de muriers, ils sont arrivés, et là, ils voient sur une feuille un ver blanc à tête de cheval.

*

Résumé d'un conte lu dans le recueil

Contes de la Chambre de Thé, par Sophie de Meyrac, Ed° Albin Michel, 2010.

*

Kannon

La fin du conte ci-dessus (je n'en ai pas rapporté l'épilogue, qui alourdit la chute) indique qu'en Chine, Cannü (visiblement encore un avatar de Kannon) est également la protectrice des métiers de la soie, tête de cheval comprise... Mais il est tentant de penser qu'avant de devenir un boddhisatva avec l'introduction du Bouddhisme en Chine, Kannon (Cannü) existait déjà. La répion ne manque pas de peuples cavaliers !

On pourrait même aller jusqu'à se demander si la parenté phonique entre la Rhiannon irlandaise et la Kwannon japonaise est un hasard absolument total ou bien si, quelque part, très loin de nous, elles ont une ancêtre commune ? 

Les mystères du Temps et des errances humaines sont impénétrables !

Batou Kannon est une entité puissament purificatrice. C'est la forme de Kannon qui affronte les démons auxquels les humains les plus malheureux et désespérés sont en prise. Poir faire simple : la sorcière du voyage de Chihiro, à la tête de son établissement de bains pour créatures surnatuelles, a quelque chose de Batou Kannon. Ce n'est pas une déesse au sens "une entité extérieure à nous et supérieure", mais seulement l'incarnation de notre capacité, à nous, humains, à "puiser dans les réserves" et aller toujours plus loin ... Comme le cheval va toujours plus loin ?

Son imagerie lui attribue des cheveux longs et/ou une tête de cheval. elle peut être accompagnée d'un cheval ou montée dessus (voire dansant dessus). Comme son rôme est d'effrayer les démons, son aspect est inquiétant à peu près autant que celui de Kannon (l'autre, la normale) est rassurant.

Mais Kannon est japonaise... Quelle imagerie on donnait à Cannü, en Chine, aux temps des grandes caravanes de la soie ?

Allez, je vous recopie un bout de l'épilogue du conte = "S'avance une déesse d'une beauté indicible. Elle porte des robes de voile aux couleurs rose, blanc, rouge, un manteau pourpre léger comme plume flotte sur ses épaules, ses longs cheveux noirs sont eroulés en anneaux, une haute coiffure sur le sommet de sa tête. Au milieu de sa chevelure trône une tête de cheval."

Evidemment, c'est un conte rapporté dans un recueil publié en occident en 2010... Mais si elle doit veiller sur la soie et ses métiers ?

Le recueil parle d'une "déesse de la soie"... Là, je ne sais plus trop quoi dire. J'ai déjà trouvé, dans une encyclopédie de mythologie, confusion entre la boddhisthva Kwannon et une déesse. En même temps, bien qu'il soit très dur d'expliquer clairement et brièvement les choses à des esprits occidentaux, j'imagine mal un boddhisthva de la soie ! A moins que cela ne passe par une symbolique rattachée à la soie ? Plus prosaïquement... Comme en tous lieux et toutes époques, l'ensemble de corporations "soie" s'est choisi une protectrice, ça n'a rien de bien étonnant.

Avenable-01

 Ne sachant pas trop où les classer, et désirant, quand même; pour de basses questions de gestion du blog, relier Batou Kannon et Kannon, à une catégorie de créatures... J'opte pour les créatures d'eau et de vent, d'abord parce qu"on peut rattacher le cheval au vent, ensuite à cause de l'aspect purificateur... Mais du fait de l'aspect de lutte contre les démons (même s'ils sont intérieurs) vous pouriez trouver que la catégorie "créatures de feu et de nuit" aurait été plus adaptée...

Ceci dit, c'est pas spécialement extra, comme classement.

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