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La harpe du driseoc
6 octobre 2010

Le roi des serpents

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Le bestiaire médiéval comporte un animal, vague cousin du dragon et de la vouivre, sans doute, car de nature reptilienne, que son nom désigne comme "roi des serpents" et qu'on trouve parfois représenté couronné, en particulier dans le domaine héraldique.

Cette créature, dépeinte parfois comme un lézard parfois comme un serpent, a été à l'honneur, voilà quelques années, dans un film où on lui avait donné l'apparence d'un énorme serpent noir. De fait, cela correspond à certaines des descriptions qui en ont été faites... Mais j'incline, dès lors, à penser qu'il doit en exister plusieurs variétés, car le basilic est dit, aussi, aimer se cacher au fond des puits. Des espaces un peu restreints pour une créature de telles dimensions que celui auquel eut affaire (à ce qu'il paraît) un certain petit magicien à front balafré... Par contre, pour un animal tel que celui qu'on peut voir sur le côté de l'église ND de Dijon, ça serait un palais.

Gros ou petit, doté de pattes ou pas, que dire du basilic ?

Sa principale caractéristique est son regard.

Le malheureux roi des reptiles est doté d'un pouvoir horrible : toute créature vivante dont le regard rencontre le sien est immédiatement changée en pierre.

Vous direz ce que vous voudrez, moi, ça me fait plutôt de la peine pour lui...

C'est un peu comme l'histoire de cet homme qui se retrouva doté du pouvoir de changer en or tout ce qu'il touchait et qui se vit bientôt non seulement seul, mais tout près de mourir de faim.

Le basilic, lui, ne meurt pas de faim à cause de ce pouvoir. A ce qu'il paraît, ça serait sa façon de se nourrir. J'espère alors qu'il ne risque pas l'obésité. Pauvre bête !

Mais au fait... Depuis quand existe-t-il dans les textes, cet animal ?

Longtemps ! Très longtemps !

Mais à vrai dire, la plus ancienne mention qui en soit faite est nettement moins surnaturelle que les croyances médiévales selon lesquelles il naît d'un oeuf couvé par un crapaud et se cache dans les lieux humides et sombres pour guetter sa proie et la changer en pierre.

2010-10-06

Pline l'Ancien. Livre 8. XXXIII. Livre portant sur les animaux de terre.

Pline le décrit comme mesurant environ un mètre et ayant la tête ornée d'une tache blanche. L'animal vit dans le nord de l'Afrique. Il n'évoque pas la pétrification des animaux par le basilic, mais seulement le fait que son venin et son haleine brûlent tout, y compris les pierres, et que même les autres serpents s'enfuient à son approche. Il se déplace dressé sur sa queue. L'animal est si redoutable que même en le tuant depuis un cheval, le chasseur est atteint par son venin, pourtant, une simple belette peut le tuer... Par sa seule odeur.

On est loin du gros serpent noir qui vous change en statue d'un seul regard, même dans un miroir.

Mais... Attendez un instant !

Pline l'Ancien. Livre 29. XIX. Livre portant sur les remèdes tirés des animaux sauvages.

"Quant au basilic (VIII, 33), que fuient les serpents eux-mêmes, qui tue par sa seule odeur, et qui, dit-on, donne même par le regard la mort à l'homme, son sang a été merveilleusement célébré par les mages"

Cette fois, c'est dit. Le regard, même du basilic est mortel. Il faudra ne suffira donc pas pour le chasser de s'équiper d'un scaphandre hermétiquement clos, afin de se protéger de son venin et des vapeurs qu'il produit. Il faudra, en plus de ça, y aller les yeux fermés. Ca devient compliqué cette histoire...

Le sang de basilic, donc, est précieux. Il permet de se concilier les dieux, d'éloigner les maléfices, et de guérir les malades.

Moralité : si vous savez vous diriger dans le noir et possédez une solide combinaison de plongée, faites-vous éleveur de basilics. Avis pratique, pour le jour où vous en serez à commercialiser votre production : le sang de basilic porte l'appellation "sang de Saturne" (je me demande si le dieu Chronos touche des royalties là-dessus).

Comme bous le voyez, une brave petite bête, finalement, ce roi des serpents...

 

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