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La harpe du driseoc
3 octobre 2009

La Dame des Chevaux

Petites méditations sur la 

L'occident chrétien actuel est, qu'on le veuille ou non, très christianisé. Les contes bretons relatifs à la mort évoquent l'Ankou avec une crainte qui n'est pas sans faire penser à la manière d'évoquer la Mort dans la litérature médiévale du XIV° / XV° siècle, période de guerre, d'épidémies, de pillages incessants et... De peur de voir, quand tout va bien, s'abattre le malheur.

Si vous êtes déjà venus sur ce blog, vous savez que j'ai volonté d'écarter autant que faire se peut les brumes que le temps a dressées entre notre imaginaire celte à nous, gens de l'aube du XXI° siècle et celui des celtes d'avant la christianisation, voire d'avant la romanisation.

Les auteurs romains et grecs rapportent que les celtes ne craignent pas la Mort mais l'affrontent avec le plus grand courage. C'est quelque chose qui, très longtemps, est resté mystérieux pour moi.

La Mort est quelque chose de très étrange. Dans "les dames du Lac", que j'ai, autrefois, lu avec délices et que j'ai relu récemment (et d'autres livres aussi) afin de voir si mon avis avait changé ou pas, la Mort est nommée par Morgane et les autres personnages païens "Vieille Femme la Mort". Une image assez peu réjouissante, je dois dire...

C'est dans un conte assez long, publié en deux parties dans Histoire Médiévale que j'ai commencé à trouver une réponse. Ce conte ne parlait pas des celtes mais du Moyen-Age russe et d'un prince, gravement malade depuis sa petite enfance et habitué à la présence à ses côtés de la Mort... Si bien que le jour où elle vient pour le prendre, au coeur d'un combat, il ne la craint pas, lui sourit, même, et qu'elle l'épargne. Plus encore: quand elle vient, enfin, le chercher, parce qu'il a été assassiné sauvagement, elle emmène avec elle des centaines d'âmes. Une épidémie s'abat sur ceux qui ont tué son prince. (Très beau conte, je vous assure)

En aucune légende celte, je n'ai trouvé trace de "Vieille Femme la Mort". La Mort, c'est la Grande Jument, la Cavalière, celle qu'on nomme Macha, Epona ou Rhiannon. Un peu jument et un peu femme, elle court inlassablement, sans que rien ne puisse l'arrêter. C'est elle qui fait passer aux âmes les portes entre les Mondes.

Les portes... Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté, au juste ?

Justement... Je vais, là, faire appel à un aspect de Rhiannon / Epona qui, dans les légendes et dans la statuaires, n'est pas forcément facile à associer à son rôle psychopompe: elle est parfois représentée avec un poulain et les légendes évoquent aussi ses enfants qui apparaissent ou disparaissent. Rhiannon, déeesse de la Mort, est aussi une déesse-mère.

Est-ce que vous me suivez ? Non ?

Petit rappel : les celtes croient en la transmigration (c'est d'ailleurs assez connu, cette histoire, mais le concept n'est pas forcément facile à apréhender)

Par conséquent, la Mort ne peut mener au Néant, ni à un quelconque lieu de résidence (bon ou mauvais) pour l'Eternité. Au-delà de la Mort, la Vie continue.

Si vous n'avez jamais lu l'Enéide, je vous recommande le passage d'Enée aux Enfers, au fait... Une vision du monde des Morts pas si éloignée que ça de celle des celtes, je vous assure !

Donc, ils croient en la transmigration, et pour cela, le moment où l'âme quitte le corps n'est rien de plus que le début de son voyage vers un autre corps.

C'est ici que Rhiannon / Epona intervient, non point comme une cavalière menaçante qui viendrait les arracher à la Vie qu'on ne goûte qu'une fois mais comme une mère prête à guider son enfant au travers des étapes qu'il a à parcourir.

Et la déesse-jument met bas des enfants qui disparaissent mais réapparaissent, prouvant que leur mère ne les avait pas tués... Petit détour par une légende irlandaise...

On est loin de l'Ankou, créature assexuée et sans états d'âme, ni bon, ni mauvais, certes, mais implacable et pour cela redoutable car il ne craint ni Dieu, ni Diable.

A la limite, cet Ankou-là me ferait presque penser au "Corps sans Tête", mais c'est là une légende qui, si j'envisage d'en traiter, n'est pas prévue encore au calendrier du blog...

Accessoirement, bien sûr, la déesse est aussi celle des chevaux et des cavaliers...

Mais je ne suis pas fanatique des explications simplicimes. La variété des mythes et légendes, à ce compte, ne serait pas si grande.

Sûrement, elle l'a été, déesse des écuries... Mais je la préfère en Cavalière, dame des portes entre les Mondes.

On parlera bientôt, ici, d'un autre aspect de la Mort... Et puisqu'il s'agit de la mort au combat, je pense qu'on peut aussi parler d'un autre aspect de cette même déesse, ou tout au moins se poser la question de savoir si c'en est un. Après tout, c'est surtout au combat que servent les chevaux, dans un monde où seuls les puissants en possèdent, non ?

 

 

 

 

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