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La harpe du driseoc
13 juin 2009

* Il était une fois... (chapitre 4/15)

Texte_Brea

 

Penché sur le sol gelé, Lamios cherche les traces qu'on a perdues depuis déjà un bout de temps. Semias a renoncé pour souffler dans ses doigts avec acharnement. Bréa regarde tout autour d'eux. Il n'aime pas la forêt. C'est trop facile pour les bêtes dangereuses de s'y cacher et pas assez facile d'y avancer à cheval.

Il préfère les herbes hautes et les buissons. Là, lui et Cheval-Soleil sont les maîtres, et quand il a une pique au poing, ils sont plus forts que le sanglier ou le loup. Ici, c'est différent. C'est leur domaine. Ils sont peut-être là, tout près, et on ne les voit pas. Ils sont sûrement tout près. Bréa a la sensation de regards braqués sur lui. Des tas de regards. Il en est sûr, parmi ces regards, il y en a un qui est plus perçant, plus mordant. Est-ce que c'est le cerf qu'ils ont poursuivi, ou bien une louve qui aurait sa tanière près d'ici ? ou bien, pire encore, est-ce que ce c'est l'esprit de la forêt qui les regarde, eux qui viennent de là où le vent souffle et sont entrés dans son domaine ?

-" On le trouvera pas... Faut faire demi-tour. J'ai pas envie de passer la nuit ici."

Lamios se détache enfin du sol trop gelé. Semias, le poing serrant la bride de son cheval, a un air qui ne laisse pas prise à la discussion, et de toutes façons, les mèches blanches qui partent à l'assaut des cheveux roux sont une interdiction absolue de discuter. Pourtant, Lamios regarde son frère, quêtant de sa part un soutient, mais Bréa, lui aussi, est pressé de repartir. Même les chiens ont l'air d'avoir peur.

-"C'est quand même dommage... Il est blessé... Et on a besoin de gibier."

Semias ne répondra pas. Il est déjà reparti. Bréa sait que son frère dit vrai. Il sait aussi que rester ici pour la nuit serait se mettre à la portée de tous les dangers de la forêt. Il faut repartir, avant qu'il fasse trop sombre pour avancer.

Les arbres qui restent garnis en hiver, ça n'est pas normal. Il y en a pourtant beaucoup dans cette forêt. Bréa en est de plus en plus sûr, ça n'est pas une forêt normale. Il en est de plus en plus sûr, le regard qu'il sent fixé sur eux est celui d'un être de l'Autre Monde.

C'est l'heure où les oiseaux de nuit se réveillent. Ces bêtes-là non plus, elles ne sont pas bien normales, de pouvoir se passer de la lumière du jour. Il ne fallait pas venir chercher le cerf blessé dans la forêt, surtout que, pour ça, il a fallu, d'abord, passer une rivière. Il ne fallait pas. Cet endroit est un autre monde. C'est dangereux d'y rester, mais sûrement pas à cause des loups. 

 

 

Les loups, encore, ça n'est jamais que des animaux. On peut en tuer quelques-uns et espérer que les autres vont reculer. Les esprits, ça ne se tue pas. Bréa n'est pas seul inquiet. Cheval-Soleil tire sur sa bride. Il faut le retenir, sans quoi, il va dépasser Semias, et ça, Bréa n'y tient pas.

Finalement, entre les branches, un ciel déjà enflammé s'entrevoit. Enfin. Bréa, de soulagement, a un temps de ralentissement, et puis presse un peu le pas. La lumière du soleil couchant entre les dernières branches... Il s'en remplit les yeux, en tapotant déjà l'encolure de Cheval-Soleil.

Et là, en sortant de la forêt, juste devant eux, dans le soleil, il y a un jeune sanglier dont le poil roux brille à en paraître, par endroits, presque blanc.

Sémias a levé sa pique. Lamios, qui marchait un peu en arrière, lâche sa monture pour accourir. Bréa pousse un peu Semias, qui se laisse écarter pour laisser passer ce garçon dont la jeunesse a déjà prouvé qu'elle alliait force et habileté. Lui-même sent venir le moment où il ne sera plus guère prétendre qu'à l'expérience et peut-être à la sagesse. Il fait asseoir le chien-chef tout près de sa jambe, où il pourra le surveiller. Les quatre autres, du coup, n'avancent pas plus. Il retient Lamios, dont le pas trop brusque risque de donner l'éveil à l'animal en train de briser la croûte gelée pour se nourrir de ce qui est dessous. Ils regardent Bréa monter à cheval sans un bruit, masqué par les branches de l'un de ces arbres de l'hiver qui ne perdent pas leurs feuilles. Ils serrent leurs piques au moment où Cheval-Soleil s'élance comme une flèche. Au moment où l'arme de Bréa reste fichée dans la bête ils s'élancent à leur tour. Bréa, lui, à sauté à terre, le grand poignard qu'il a au côté, bien en main. Plus âgé, le sanglier aurait chargé, mais il cherche plutôt à fuir.

Sur un côté, il y a la bête à grands sabots qui bat l'air pour le frapper quand il approche. Sur deux autres, des deux-pattes avec des choses brillantes et qui piquent comme celle qui est plantée dans son côté, brandies en avant. Il y a des bêtes à crocs avec eux. Sur le dernier côté, il y a encore un deux-pattes, qui a lui aussi une chose brillante, mais qui la tient tout contre lui, sous lui, même, car il est penché. Il fait moins peur. C'est ce côté que le mangeur de racines et de vers choisir pour s'enfuir. Le grand poignard jaillit en avant et se plante dans son cou.

Bréa se redresse, un peu étourdi. Lamios et Semias le regardent sans avancer. Derrière lui, le soleil est devenu rouge, et le vent soulève ses cheveux. Ils ont l'impression que quelque chose vient de se passer qui n'était pas tout à fait une chasse ordinaire.

Cheval-Soleil fait le tour de la bête abattue, prudemment. Il va, se placer près de son maître qui se laisse envelopper par le vent. Bréa sent un souffle chaud remplacer le froid, du même côté. Lui, Cheval-Soleil, le vent, ils font partie du même monde. Celui où il y a le ciel au-dessus, avec le soleil le jour et la lune la nuit. Le vent est la course des chevaux, la vie qui parcourt les herbes quand elles sont hautes et le manteau de givre des buissons. Là, à terre, il y a ce que l'esprit du monde sombre de la forêt a bien voulu leur donner.

Quand Semias, enfin, s'approche de lui, avec bien plus respect qu'un homme de cet âge et de cette expérience n'en donne à un si chasseur, aussi habile soit-il, le soleil est passé sous l'horizon.

 

Sémias a levé sa pique. Lam, qui marchait un peu en arrière, lâche sa monture pour accourir. Bréa pousse un peu Semias, qui se laisse écarter pour laisser passer ce garçon dont la jeunesse a déjà prouvé qu'elle alliait force et habileté. Lui-même sent venir le moment où il ne sera plus guère prétendre qu'à l'expérience et peut-être à la sagesse. Il fait asseoir le chien-chef tout près de sa jambe, où il pourra le surveiller. Les quatre autres, du coup, n'avancent pas plus. Il retient Lam, dont le pas trop brusque risque de donner l'éveil à l'animal en train de briser la croûte gelée pour se nourrir de ce qui est dessous. Ils regardent Bréa monter à cheval sans un bruit, masqué par les branches de l'un de ces arbres de l'hiver qui ne perdent pas leurs feuilles. Ils serrent leurs piques au moment où Cheval-Soleil s'élance comme une flèche. Au moment où l'arme de Bréa reste fichée dans la bête ils s'élancent à leur tour. Bréa, lui, à sauté à terre, le grand poignard qu'il a au côté, bien en main. Plus âgé, le sanglier aurait chargé, mais il cherche plutôt à fuir.

Sur un côté, il y a la bête à grands sabots qui bat l'air pour le frapper quand il approche. Sur deux autres, des deux-pattes avec des choses brillantes et qui piquent comme celle qui est plantée dans son côté, brandies en avant. Il y a des bêtes à crocs avec eux. Sur le dernier côté, il y a encore un deux-pattes, qui a lui aussi une chose brillante, mais qui la tient tout contre lui, sous lui, même, car il est penché. Il fait moins peur. C'est ce côté que le mangeur de racines et de vers choisir pour s'enfuir. Le grand poignard jaillit en avant et se plante dans son cou.

Bréa se redresse, un peu étourdi. Lam et Semias le regardent sans avancer. Derrière lui, le soleil est devenu rouge, et le vent soulève ses cheveux. Ils ont l'impression que quelque chose vient de se passer qui n'était pas tout à fait une chasse ordinaire.

Cheval-Soleil fait le tour de la bête abattue, prudemment. Il va, se placer près de son maître qui se laisse envelloper par le vent. Bréa sent un souffle chaud remplacer le froid, du même côté. Lui, Cheval-Soleil, le vent, ils font partie du même monde. Celui où il y a le ciel au-dessus, avec le soleil le jour et la lune la nuit. Le vent est la course des chevaux, la vie qui parcourt les herbes quand elles sont hautes et le manteau de givre des buissons. Là, à terre, il y a ce que l'esprit du monde sombre de la forêt a bien voulu leur donner.

Quand Semias, enfin, s'approche de lui, avec bien plus respect qu'un homme de cet âge et de cette expérience n'en donne à un si jeune chasseur, aussi habile soit-il, le soleil est passé sous l'horizon.

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Cinquième épisode dans 6 semaines (environ).

Tous les épisodes parus sur le blog = ICI.

L'histoire est lisible aussi sur le site.

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