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La harpe du driseoc
18 mars 2009

* Il était une fois ... (chapitre 2/15)

Texte_Brea

 

Le métal, coulant hors du vase où il a fondu, a la même couleur que Cheval-Soleil. Il y en a un peu trop, ça va déborder du moule. Pueslos, déjà, a redressé le creuset. Le métal est trop précieux pour qu'on le gaspille dans la cendre et la terre.

C'est la première fois que Bréa est autorisé à aider ses ainés à la magie du feu qui change les lingots verts et gris en lames brillantes. Pueslos dit que le clan à qui on a acheté les lingots les a obtenus en faisant fondre des pierres. Il n'a pas l'air de s'en émerveiller... Il faut dire qu'il vient de passer longtemps chez ces gens, et ça malgré la distance qui commence à séparer les pâturages de ce clan et ceux du leur.

Lamios dit que Pueslos et Fuimid ont en tête une expédition armée sur ce clan, pour y prendre une fille qui plaît à Pueslos et qu'on ne veut pas lui donner. Si ça se fait, ils l'emmèneront surement. Lamios a quinze ans et autant de ruse que de force. Ca serait idiot de se passer de lui. Mais Bréa, lui, restera au camp. Plus un enfant, mais pas encore un homme. Dire qu'il en est vexé, ça serait beaucoup... Bréa, au fond, ne raffole pas, des jeux brutaux. Peut-être parce qu'il est encore trop peu musclé pour y faire merveille, et pas non plus très exercé à leurs finesses que, pourtant, Fuimid lui explique avec tellement de joie.

Bréa et Bogios, le frère du mari de sa grande soeur, sont à cet âge entre deux âge où est est pas un enfant et pas un adulte. Pas pour eux, les jeux de force des hommes. Pas pour eux, non plus, les jeux des petits entre les tentes et le troupeau de chèvre. Leurs jeux à eux, ils se font avec un cheval et ils servent à ramener à manger ou à empêcher le troupeau de chevaux de s'éloigner trop.

 

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Bréa ne s'en rend pas bien compte, mais il est de moins en moins souvent au camp et de plus en plus souvent en train de chasser ou de surveiller les chevaux. Il ne fait pas ça parce que c'est un travail d'homme. Il fait ça parce qu'il aime être à cheval et qu'il en profite pour aller voir, chaque fois, un peu plus loin. Bogios, lui, souvent, cherche un endroit tranquille où s'assoir, et quand il l'a trouvé, il y reste jusqu'à ce que Bréa revienne le chercher. Sa mère dit de lui qu'il serait capable, si on le laissait faire, d'oublier de rentrer.

Aujourd'hui, Pueslos a demandé aux deux petits jeunots de l'aider à la magie du feu. D'habitude, il fait ça avec l'oncle, mais l'oncle vieillit, et puis, il le dit lui-même: Pueslos en sait plus que lui, sur les métaux et les flammes. Alors maintenant, c'est lui le maître du feu, au camp, et c'est lui qui répare ou fabrique les armes.

Contrairement aux chevaux, la naissance du métal a l'air de passionner Bogios, qui ne perd pas un geste de Pueslos, écoute attentivement, fait exactement ce qu'il faut et juste au bon moment... Mais Bréa, lui, ne voit que cette couleur chaude, la même que celle de son cheval et du soleil quand il est déjà bas. Il regarde le masse brillante qui sort du moule refroidi, avec un peu d'horreur et quand Pueslos lui demande de la polir avec une pierre, il serre les dents.

<<La logique aurait voulu que je lui ôte son diadème, pour cette occupation où il doit déjà avoir bien chaud, mais comme ça, au moins, on le distingue bien parmi les autres apprentis...

 

Est-ce que cette chose va servir à conquérir, chez les gens à qui on a acheté sa matière, la fille dont Pueslos veut faire sa femme ?

Cette idée lui fait peur... Il regarde la prairie. Hier, il a parlé à l'oncle d'un endroit qu'il a repéré, avec une rivière claire, de l'herbe haute, et beaucoup de gibier. L'oncle, qui est de moins en moins enclin à rester en place, au fur et à mesure qu'il vieillit, a tout de suite paru rêveur. A coup sûr, on attendra pas longtemps pour repartir et on ne repartira pas sur un pâturage où on a déjà été. C'est comme si on était déjà là-bas...

Et ensuite ? Ensuite, Bréa ne sait pas. Ensuite, ça sera un autre pâturage, et encore un autre. Peut-être qu'on croisera d'autres clans, aussi. Ce qui compte, c'est qu'il y a là-bas, de quoi nourrir leurs troupeaux, et c'est important, parce que ce printemps, le beau-père de Fuimid est venu, avec sa famille et ses troupeaux, se joindre au camp. Il commence à être gros, le camp, du coup, il redoute moins les attaques, et du même coup, il y a plus de troupeaux et il faut des pâtures meilleures.

 

Depuis qu'il garde les chevaux, Bréa a au côté un poignard d'airain, qui brille dans la lumière, quand il le sort de son étui de peau. Un petit, pas tout neuf et ré-aiguisé trop de fois, mais une arme quand même. Ca lui sert à la chasse, mais il sait que si le camp est attaqué, ça servira à se battre. Quand il sera plus âgé, s'il surprend un voleur de chevaux, il s'en servira aussi... Mais à son âge, il ne faut pas trop y compter. La seule chose qu'il pourra faire, c'est galoper pour ramener ses frères ou ses cousins.

C'est quand même quelque chose, ce poignard. Pueslos dit qu'on en a pas assez qui soient solides, et pas d'assez bons. Il dit qu'en cas de combat, il faudra que tout le camp aie des armes bien meilleures, même s'il s'agit seulement de ramener des chevaux volés.

C'est peut-être pour ça, aussi, qu'il a fait tous ces échanges pour avoir les lingots gris et verts avec lesquels on fait le bronze...

Avec mille précautions, Pueslos vient d'ouvrir un moule plus gros que les autres qu'il a rempli hier avec l'oncle. C'est une énorme pointe de lance, plus large et plus longue que sa main, qui est dedans. Il la sort, il la soupèse, la fait sauter dans sa main, et puis, se saisit d'un polissoir et, tout souriant, se met à la caresser.



*

Troisième épisode dans 6 semaines (environ).

Tous les épisodes parus sur le blog = ICI.

L'histoire est lisible aussi sur le site.

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