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La harpe du driseoc
28 juin 2008

Contes de fées et affaires de sorcellerie...

Quand on parle de magie et de Moyen-Age, on pense tout de suite aux bûchers élevés pour brûler les sorcières.

En fait, c'est au XVI° et et au XVII° siècle (après le Moyen-Age, en pleine Renaissance et après) que la "chasse aux sorcières" a eu lieu.

A la période réputée tellement sombre et superstitieuse dite "de l'An Mil", la plupart des gens, si pas tout le monde, certes, croit à la magie. L'Eglise interdit bien de prier Diane, de se baigner dans les sources sacrées au clair de lune, d'accrocher des fleurs aux arbres ou aux pierres, et des tas d'autres pratiques jugées païennes (à grand-raison), mais il ne viendrait à l'idée d'aucun prêtre, qu'il soit simple curé ou évêque, de faire brûler quelqu'un pour s'être livré à ces pratiques.

Le Malin, c'est bien connu, s'y entend pour éloigner les âmes du chemin de la Jérusalem Céleste. Il est du devoir des hommes de Dieu de ramener à la raison les fous qui se laissent égarer. Un Pater, deux Ave, et n'y reviens plus, n'est-ce pas? La deuxième fois, l'affaire se soldera par deux mois de jeûne (c'est à dire sans viande) et un sermon un peu plus sévère. La troisième fois, sans doute par un pélerinage à Compostelle ou à Rome. Rien de bien méchant, somme toute... L'Eglise veille sur ses ouailles mais ne les tue pas.

C'est des Universités que va venir le petit rien qui va, par la suite, être à l'origine des bûchers destinés aux sorciers et aux sorcières... Et non pas de ces pratiques païennes qui, finalement, persistent principalement dans les campagnes, mais sont assez bien contrôlées et ne gênent pas trop, puisque petit à petit, on a réussi à en christianiser certaines et qu'on arrivera peut-être à en faire autant avec les autres.

Voilà-t-y pas que des théologiens ont imaginé une théorie selon laquelle on pourrait se rendre maître de certains démons (des démons mineurs, quand même, pas le grand Satan en personne, quoique ça serait à envisager) en les trompant lors de la signature du contrat.

Autrement dit: alors qu'il est bien connu que quand on signe un pacte avec le Diable, on oublie toujours de lire les toutes petites lignes cachées dans un coin du parchemin et qui sont pourtant les plus importantes... L'idée ici est que ce soit l'humain qui joue ce tour de cochon au Démon. Quand à savoir si le Diable a ou non faussé le contrat, on s'en fiche: de toutes façons, les conditions de sa réalisation ne seront jamais réunies.

Ici et là, on trouve des légendes locales qui reflètent bien cette mouvance d'idée...

2008-06-28

 

Mouvance d'idée qui a paru très vite fort dangereuse et qui a été immédiatement définie comme "hérésie", et comme telle, passible du tout neuf tribunal de l'Inquisition.

Mais l'Inquisition a d'autres chats à fouetter (même si c'est des chats noirs ou des chats à neuf queues), alors, une fois que les théologiens turbulents sont mis au pas, on range tout ça et on en parle plus.

Au début du XV°, période de grand regain se spiritualité et de superstition, où on voit les grands de ce monde ne manquer aucune messe et pratiquer la divination, collectionner les bagues enchantées et faire de riches dons à l'Eglise, où les traités d'alchimie et de sorcellerie sont écrits par des gens qu'on dirait maintenant "très tendance" et où les paysans, pour guérir leur vache malade, lui font prendre un morceau d'hostie... L'Inquisition est officiellement autorisée à poursuivre la sorcellerie.

Malgré cela, les affaires sont rares et les bûchers encore plus. La traditionnelle ordalie de l'eau a l'avantage que, si l'accusé est innocent, il s'en tire mort (selon toute probabilité) et que s'il est coupable... Hé bien... Là, on pourra le brûler, mais ça n'arrive pas souvent. L'ordalie du feu, quoique très héroïque et employable dans les romans de chevalerie, amène de gros problèmes d'interprétation et de choix de la peine à appliquer, car après tout, contrairement à celle de l'eau, elle n'est pas basée sur le fait que l'accusé soit "pur" ou "impur" mais seulement sur la volonté de Dieu de manifester son soutient à l'accusé en l'aidant à guérir plus vite de sa brûlure.

Donc, au XV°, les affaires de sorcellerie sont plus fréquentes, pour différentes raisons, mais on est encore loin de chasser les sorcières partout où on peut les trouver.

Cela, c'est au XVI° et encore au XVII° qu'on le fera.

Pourquoi ? Peut-être simplement parce qu'à ce moment-là, la sorcière (et le sorcier) sont définitivement passés au rang de "non-chrétien" et non plus "mauvais chrétiens". Pire encore: ils sont devenus des agents du Diable.

Quelle évolution depuis l'An Mil!

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Geste de la Haute Table, sur mon site.

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